28 janvier 2023, à Urtière, au milieu des sapins gelés.

Dans un endroit reculé, dans une petite clairière, dans le plus petit village de Franche-Comté, se cache un lieu où le temps s'est arrêté : celui de la Chapelle Saint-Roch et de sa croix monumentale torsadée à Urtière.

Avant la naissance de ce bâtiment, ce lieu abritait un ancien cimetière de pestiférés, connu autrefois sous le nom de Cimetière des Bossus. Cette simple raison pouvait donc expliquer le pourquoi de cette position géographique si excentrée, loin des populations et difficile d'accès.

C'est dans cet environnement silencieux où vit le jour la Chapelle Saint-Roch, construite en 1636 comme l'atteste l'inscription sur le linteau de la porte d'entrée. Elle tient son origine de Guillaume et Étienne Borne en l'hommage et souvenir de leur père, Pierre Borne, décédé en 1635 où il est inhumé.

Sur la tombe finement sculptée est d'ailleurs lisible les mots suivants : "CI GIT PIERRE BORNE DURTIR DÉCÉDÉ L'AN 1635 DIEU AIT SON ÂME".

(Chapelle Saint-Roch: Linteau de la porte d'entrée)

L'enclos de la chapelle est entouré par un muret de pierres. De dimensions modestes, il est assez facilement constatable que cette dernière est de plan carré.

L'intérieur de la chapelle, pouvant accueillir tout au plus une vingtaine de personnes, possède un autel soutenu par deux colonnes torsadées en pierre sur lequel est surmonté le tableau de Saint Anne et de Saint Roch. Saint Anne, étant la mère de la Vierge Marie, s'avère être la patronne du village d'Urtière et Saint Roch quant à lui Protecteur des pestiférés.

A cette époque, le clocher visible sur la photo n'existait pas. Ce dernier vit le jour au XIXème siècle, construit avec un dôme galbé à l'impériale, structure typiquement comtoise. Celui-ci est protégé par des tavaillons qui sont des petits revêtements en bois, servant à protéger des intempéries et également en tant qu'isolant thermique.

Face à la Chapelle Saint-Roch fut érigée en 1687 une croix torsadée typique de la Contre-Réforme. Pour rappel, cet évènement datant du courant du XVI° siècle, concernait la lutte de l'Eglise Catholique face à la réforme Protestante. Le terme "Contre-Réforme" provient de l'historiographie allemande du XIX° siècle dans un esprit initialement polémique. Aujourd'hui, ce terme n'est plus utilisé afin de ne pas limiter la Réforme Catholique à un simple processus de réaction.

Pour finir, vous pouvez lire au pied de la Croix Torsadée que celle-ci fut restaurée en 1840.

Depuis le 6 avril 1994, la chapelle, son enclos et la croix monumentale font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques.

Figées dans le temps et la glace,

Gisent deux structures tenaces,

Existant dans un but sacré :

Veiller sur les âmes passées.

Au milieu des sapins gelés,

Furent autrefois entreposés,

Moult corps indéterminés :

Ceux des défunts pestiférés.

Ô toi chapelle centenaire,

Qui protège en ton sein ce père,

Qui écoute toutes prières,

De ces pèlerins de toutes ères.

Ô vous habitants d'Urtières,

Gardiens, pouvez en être fiers,

De sauvegarder ce saint lieu,

En mémoire de nos aïeuls.

Crédits photos: Les Coffrets du Terroir Comtois

Auteur de l'article: Quentin Midot

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